La chute de l’empire romain

Cette période est difficile à décrire tant la Provence, et donc Néoules, ont été partitionnés, ballotés d’une gouvernance à une autre. Sous l’Empire, Néoules fait partie de la grande colonie romaine appelée la Narbonnaise, car Narbonne, à peu près à mi-chemin entre l’Italie et les colonies romaines en Espagne, en est la capitale (carte ci-dessous).
En 257, les Alamans dévastent la province de la Narbonnaise. Il est impossible de savoir jusqu’à quel point ces dévastations ont entraîné des modifications de la vie des habitants du territoire de Néoules. Ces envahisseurs sont d’abord défaits par Gallien à Milan, puis Postume s’en débarrasse définitivement vers 267 près d’Arles. C’est la naissance des empereurs « gaulois » et le début du démembrement de la Narbonnaise en deux parties : la Narbonnaise, qui garde Narbonne comme capitale et reste attachée aux empereurs italiens, et la Viennoise, avec Vienne comme capitale attachée à l’empereur gaulois.

En 273 sous Dioclétien, les deux provinces sont à nouveau rattachées à l’Empire en une unique préfecture. Cet empereur et son successeur Maximien structurent la préfecture des Gaules en quatre diocèses. C’est l’apparition des structures géographiques de la chrétienté en France.

Carte 1 – Colonie romaine la Narbonnaise

Entre 374 et 381, sous Gratien, la Narbonnaise va être à nouveau séparée mais en trois parties, la Viennoise au milieu, capitale Vienne, la Narbonnaise I à l’Ouest du Rhône, capitale Narbonne et la Narbonnaise II à l’Est de la Viennoise et qui prend pour la première fois Aix-en-Provence comme capitale (carte 2). La Viennoise veut un accès à la Méditerranée et garde une bande côtière de Marseille à Fréjus. C’est de cette façon que Néoules se retrouve dans cette province Viennoise alors que Garéoult et La Roquebrussanne se trouvent en Narbonnaise II.
La frontière entre les deux provinces suit la via romaine joignant Hyères (Olbia) à Tourves (Ad Turem) – voir le numéro précédent. Ces frontières étaient aussi les frontières des premiers diocèses comme dit plus haut, et c’est ainsi que, sans frontière naturelle, La Roquebrussanne et Garéoult dépendent du diocèse d’Aix alors que Néoules dépend de Toulon.

Carte 2 – La Narbonnaise séparée en trois partie
Photo 1 – Rempart nord de San Toumé

À partir de 440, la Viennoise et la Narbonnaise II commencent à subir des attaques sur leurs frontières est et nord. En 450, la Provincia, couvrant les départements actuels des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, du Var, des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes pas encore envahis, est unifiée sous la dépendance d’Arles. C’est l’acte de naissance de la Provence moderne qui en tire son nom d’aujourd’hui. C’est aussi la fin de la Pax Romana.
Entre 456 et 480, les Burgondes par le Nord et les Goths par l’Ouest envahissent toute la Provence. En 480, Euric, roi des Wisigoths, franchit la Durance vers le Sud. Les soixante années suivantes voient progressivement les Ostrogoths remplacer les Wisigoths en Basse Provence.
En 536, la Provence passe de la domination des Ostrogoths à la domination des Francs. Toute la rive gauche du Rhône est rattachée au royaume de Bourgogne, tandis que la rive droite, à quelques exceptions près, est rattachée au royaume d’Austrasie. Néoules est encore sur la frontière entre ces deux royaumes.

Photo 2 – Vestiges de San Toumé entre les vallons de la Baume et de la Gran

Les Francs vont progressivement couvrir toute la France de leurs méfaits et particulièrement ici en Provence. C’est dans cette période de pillages et d’insécurité permanente que les villageois, qui s’étaient regroupés autour des sources pour construire leurs habitations pendant la Pax Romana, vont partir se réfugier dans des villages fortifiés et plus facile à défendre (les castrum), qu’ils vont construire au sommet des collines les plus abruptes.

Ainsi les Néoulais habitant dans trois quartiers (Ribière le vieux village actuel, les deux hameaux de La Batallière et de Font Gayou), vont se réfugier derrière les remparts (photo 1) de San Toumé sur l’élévation entre le vallon de la Baume et le vallon de la Gran (photo 2). Ils ne redescendront de ce nid d’aigle qu’au XVIème siècle, les derniers habitants quitteront les lieux pour retourner en plaine vers 1580. Mais il se passera bien des choses avant cette fin du XVIème siècle. Ces évènements seront exposés dans les prochains numéros de cette chronique.

Marc-Jacques LEDOUX
Commission extra-municipale patrimoine et culture

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