En cette fin d’année 2024, notre ami, Hubert GARNIER, ancien maire de Châteauvert et sculpteur, nous a quittés.
Hubert était un ami et un collègue. Nous avons été élus maires en même temps, en 1995. Il fréquentait avec assiduité les conférences scientifiques de Néoules, initiées par Marc-Jacques LEDOUX. Il était aussi un ami de la commune.
Hubert était un artiste, un architecte de profession qui s’adonnait à la sculpture. Ami du sculpteur César, ses œuvres ne laissaient jamais indifférent. Aussi, lorsqu’il proposa d’offrir à la commune de Néoules une œuvre de sa création, installée depuis sur le parvis de notre nouvelle mairie, nous fûmes très honorés.
J’imaginais alors que le parvis pourrait recevoir tour à tour, à la vitesse des moyens financiers de notre commune, des œuvres d’art, qui par le biais de rotations, viendraient ensuite enrichir une future « promenade des arts », en extérieur, telle que la « galerie promenade » qu’Hubert a lui-même créée sur sa commune de Châteauvert, à proximité du centre d’art contemporain de la Provence verte. Cet espace aurait pour ambition de rassembler et de symboliser les liens entre les âges et les êtres.

Ancien maire de Châteauvert, architecte et sculpteur
Cette œuvre jaune, qui s’élève sur notre parvis depuis 2017, que vous connaissez, est une invitation à la réflexion, sans jamais contraindre l’imaginaire de celui qui la contemple. C’est ainsi qu’Hubert nous disait : « Chacun y trouvera ses explications. »
Hubert, amoureux des courbes et de la matière, aimait présenter son œuvre comme une incitation à explorer des questions universelles :
- Le déclin d’une civilisation ?
- L’émergence d’une ère industrielle ?
- Les hésitations d’une humanité qui cherche à s’élever ?
- Un clin d’œil à Albert EINSTEIN et son approche de la relativité, ou bien une esthétique entre courbures et matière ?
Tout en rappelant qu’en cherchant une explication, « c’est en atteignant l’objectif que l’on rate tout le reste… », Hubert invitait à ne pas se laisser enfermer dans un but précis.
Lorsque j’interrogeais Hubert sur le temps investi dans la création de ses sculptures, il expliquait que chaque étape, du dessin préliminaire à la maquette en bois, puis à la sculpture finale, était une méditation sur la forme et la matière.
Il concluait avec humour « cette œuvre m’a pris une semaine et cinquante ans ! » signifiant ainsi qu’une œuvre est le résultat du travail et de la construction d’un Homme.
J’aime me remémorer nos discussions, où il évoquait son « originelle inspiration métaphysique », cela m’amenait à consulter la définition selon laquelle DIDEROT écrivait :
« la métaphysique, c’est la science des raisons des choses… » Interroger un peintre, un poète, un géomètre (ici un sculpteur) et vous le forcerez à rendre compte de ses opérations, c’est-à-dire à en venir à la métaphysique de son art. Quand on borne l’objet de la métaphysique à des considérations vides et abstraites sur le temps, l’espace, la matière, l’esprit, c’est une science méprisable ; mais quand on la considère sous son vrai point de vue, c’est autre chose. Il n’y a guère que ceux qui n’ont pas assez de pénétration qui en disent du mal. »
Je vous invite à regarder peut-être autrement cette sculpture intemporelle sur le parvis de notre mairie et à vous laisser pénétrer par cette œuvre, à chercher le sentiment qu’elle vous inspire et à en tirer toute sa quintessence et sa substantifique moelle !
Nous garderons pour Hubert une pensée empreinte de reconnaissance et d’amitié.
Merci Hubert, Néoules se souvient !
André GUIOL | Conseiller municipal
Maire honoraire de Néoules | Sénateur du Var

